Intervention lors de la session de juin 2010
Vos services sous l’autorité de Monsieur Theuriaux ont adressé aux maires un courrier les informant des nouvelles directives en matière de prestations de fauchage sur les routes départementales. Suivant ainsi l’air du temps et de nombreux départements qui adoptent de plus en plus le fauchage tardif préservant la biodiversité de la faune et de la flore. Evidemment, il s’agit d’une démarche intéressante. Cependant, elle soulève un certain nombre de problèmes dont je vous ai d’ailleurs informé dans un courrier que je vous ai adressé début juin. Plutôt qu’un fauchage raisonné, il aurait été préférable de privilégier un fauchage raisonnable, en fonction des lieux et de leur importance sécuritaire, touristique ou environnementale.
Cette décision arbitraire, en effet, ne tient pas compte des impératifs que connaissent nos communes. Ne serait-ce par exemple que leur participation aux concours de fleurissement nationaux dont on connaît l’exigence des critères de sélection, l’entretien des abords et des accès n’en n’étant pas le moindre. Les nouveaux plans de fauchage repoussant la date de tonte en septembre, alors que les jurys du fleurissement se déplaceront au 15 août, je crains qu’il n’y ait là un problème de timing. On ne peut à la fois soutenir une politique, en l’occurrence celle des concours de fleurissement et le règlement qu’ils impliquent, et d’autre part, changer la donne sans concertation et mise en adéquation.
Je vous rappelle également que tous les allergiques – et il sont de plus en plus nombreux – vont accueillir la nouvelle à grand renfort de mouchoirs et les larmes aux yeux. Avec ce que vous nommez fauchage de confort, l’ambroisie aura toute latitude à se développer un peu partout. Pour ne citer que cette plante invasive.
Par ailleurs, il est connu que dans d’autres départements où le fauchage tardif a été testé il n’y a jamais eu autant d’animaux morts sur la route: hérissons, lapins, faisans… pourquoi ? parce que les bords de route non fauchés deviennent infranchissables en urgence pour ces petits animaux. De plus, pour les automobilistes locaux ces bordures non fauchées deviennent des vrais dangers car ils dissimulent les grands animaux dans les fossés. Les accidents graves avec des biches, des sangliers sont plus fréquents.
Enfin, un dernier point, l’économie réalisée par le Département qui résulterait de cette nouvelle politique me parait discutable. En effet, nous avons les outils et la main d’œuvre. Je ne vois pas où est l’économie et à quoi occuperons-nous nos agents et leurs machines ?
En matière environnementale et impulsés par la mise en œuvre d’Agenda 21, nous sommes aujourd’hui confrontés à plusieurs choix. Celui de ne pas faire assez, celui d’en faire trop, celui de raisonner dans le temps nos actions en tenant compte des obligation existantes, celui d’aller très vite au mépris des impératifs des uns et des autres. Ce serait dommage de voir une décision hâtive devenir une fausse bonne idée.