On attendait depuis longtemps les propositions du PS, on en a pour notre argent, mais il faut reconnaître que la collection 2010 ressemble beaucoup à celles des années précédentes : dans l’esprit c’est 1936, avec le retour en force des promesses les plus folles et dans la méthode c’est 1981 avec les 100 propositions ! Et il faut se rendre compte que dans les 40 pages du document, il n’y a pas une ligne sur le financement de toutes ces mesures !
Tout y est : les promesses non financées, les dépenses publiques nouvelles, les hausses d’impôts, des contraintes sur les collectivités et les entreprises, la sanction plutôt que l’incitation… Rien que du classique !
- Une succession désordonnée de vœux pieux, de promesses intenables et de nouvelles allocations, sans financement et sans propositions concrètes :
- Des vœux pieux : diviser par 2 les écarts de salaires hommes femmes, tripler le nombre d’enfants accueillis dans les structures collectives (crèches…), créer un statut social pour les jeunes, réduire de 2/3 le nombre de sans abris, faire en sorte que plus personne ne soit contraint de consacrer plus de 25% de son budget à son logement, instaurer un prix très bas pour la consommation d’eau, plafonner à 1 euro le coût de chaque trajet logement/travail…
- Une pluie de nouvelles allocations : une aide au départ en vacances de 200 euros minimum pour les mineurs qui ne partent jamais, une allocation d’autonomie pour les étudiants, une aide à la recherche du premier emploi, une allocation adulte handicapé portée à 80% du SMIC
- De nouveaux « droits universels » comme le droit universel à la compensation de la perte d’autonomie, le droit à la formation jusqu’à 18 ans…
Qui peut être contre ? La seule chose qui manque, c’est comment on fait et combien ça coûte !
- Une avalanche de nouveaux impôts : majorer les cotisations patronales pour les temps partiels, rétablir les droits de succession à leur niveau antérieur à 2007, élargir la base de la fiscalité du patrimoine, créer un nouvel impôt local pour remplacer la TP, aligner la CSG des actifs et des retraités…
- Des contraintes qui risquent d’étouffer les collectivités, l’économie et l’initiative individuelle : une loi SRU sur les crèches, un durcissement de la loi SRU sur les logements sociaux (passage à un seuil de 25%), suppression des grandes écoles, entraves à la libre installation des médecins généralistes, une pluie de pénalités contre les entreprises, les partis politiques, les collectivités…
Bref, quand on fait la somme de tout cela, on a une philosophie générale gauchiste et archaïque. Tout est fait tout pour organiser l’assistanat et le dirigisme d’Etat, contre la liberté et l’autonomie individuelle : les socialistes nous promettent de multiplier les droits et les allocations, en augmentant les dépenses et sans se préoccuper des déficits…
Les Français doivent savoir ce que prépare le PS ! Ils doivent être informés de l’alternative que leur prépare la gauche !
2) La seule chose qui unit encore le PS c’est la haine irraisonnée et viscérale de Nicolas Sarkozy
Ils avaient tenté de nous faire croire à leur unité retrouvée lors de leurs universités d’été, mais on a bien vu hier que dès qu’ils rentrent dans les propositions concrètes, ils ne sont d’accord sur rien !
Et les déchirements auxquels nous avons assisté hier proviennent uniquement du fait que le PS français n’a toujours pas fait son aggiornamento, les socialistes n’ont pas crevé leurs abcès idéologiques.
Du coup, les divisions apparaissent au grand jour dès qu’ils tentent de dépasser leur seul rejet du Président :
- d’un côté, les modernes qui rêvent d’un parti socialiste réformiste, responsable et crédible, à l’image de ce qui existe en Allemagne, en Espagne, en Grande-Bretagne…
- de l’autre, les archéos, avec Benoît Hamon en digne successeur d’Henri Emmanuelli, qui appelle à cogérer le pays avec les syndicats, à multiplier les dépenses… Ceux-là ne se comparent qu’à Besancenot et maintenant Mélenchon… et comparent la France à celle de 1981 voire même de 1936…
Les modernes ont d’ailleurs dit en chœur qu’ils ne voteraient pas le texte sur « l’égalité réelle » des archéos emmenés par Benoît Hamon, avec le silence complice de Martine Aubry.
C’est d’ailleurs très éclairant de prêter attention aux commentaires des uns et des autres sur les propositions de Monsieur Hamon : « totalement irréaliste », « pas raisonnable de signer un chèque en blanc », « calendrier irréaliste », « ambiguïté », « manque de clarté et de crédibilité », « hotte du père Noël », « catalogue sans chiffrage ni hiérarchie», « mélenchonisation des esprits », « impossible de voter le texte en l’état »…
Le PS n’a de mots assez durs pour qualifier le projet de Benoît Hamon et Martine Aubry :
- Pour François Rebsamen, « il va falloir, pour être un parti de gouvernement, un parti crédible aux yeux des Français, hiérarchiser nos priorités, ce que le texte ne fait pas. Les propositions sont là, mais il faut les ordonner »
- Pour Manuel Valls, « il manque le chiffrage, il manque la base essentielle ». « La volonté des Français de se révolter contre le président de la République ne peut trouver une réponse que si la gauche, si les socialistes présentent un projet crédible qui corresponde réellement à l'état économique et financier du pays ». « On fait l’inverse de ce qu’il fallait faire ».
- Pierre Moscovici ne votera pas « en l'état », refusant de « signer un chèque en blanc » et jugeant « son élaboration entachée de trop d'opacité et d'un calendrier irréaliste ».
- Michel Sapin : « François Hollande et ses amis se détermineront au vu du texte final. Nous jugerons demain en fonction de ce que le texte sera devenu »
Et les Français eux-mêmes pensent que l’opposition n’est pas crédible : selon le dernier sondage IFOP pour Paris Match, ils sont 62% à penser que l’opposition ne ferait pas mieux que la majorité si elle était au pouvoir…