Le 4 et 5 novembre derniers, le Président Hu Jintao s’est rendu en France pour une visite diplomatique et économique.
►Cette visite officielle a-t-elle été bénéfique pour la France?
Grâce à cette rencontre franco-chinoise, 14 milliards d’euros de commandes ont été enregistrés par Airbus (66 nouveaux avions), Areva (fourniture d’uranium) ou Total (usine pétrochimique). On peut ainsi dire que cette visite a eu un impact bénéfique pour notre économie et pour le fleuron de nos entreprises françaises !
La Chine, deuxième puissance économique mondiale avec ses 4.909 milliards de dollars de PIB (environ 3.800 euros), pourrait devenir la première d’ici à 2040 si elle maintient un rythme de croissance à deux chiffres : la part de son économie dans le PIB mondial est passée de 1,8% en 1978, à 8,4% en 2009!
Aussi, il est indispensable de se mettre en tête que pour une large part, le monde de demain se dessine aujourd’hui en Asie! Et c’est par l’Asie et en particulier la Chine que la croissance mondiale a été tirée en 2010, avec des taux de croissance autour de 8% en moyenne.
Il faut prendre conscience que la Chine affiche 2400 milliards de dollars de réserve et que la destination de ces réserves est un des enjeux majeurs de l’évolution de la scène internationale : la Chine entend consacrer près de 288 milliards de dollars aux investissements à l’étranger !
C’est une dynamique à laquelle nous devons prendre une part active !
Nous devons renforcer cette relation franco-chinoise afin de développer notre présence sur place: un point de part de marché supplémentaire gagné dans un pays qui connaît une croissance proche de 10% chaque année, c’est un vrai plus pour dynamiser notre économie !
En effet, la part française sur le marché chinois reste faible et le commerce bilatéral déséquilibré. Le gouvernement français élargit donc les échanges stratégiques dans sept secteurs : le nucléaire, l'aérospatiale et les transports ferroviaires -trois domaines de prédilection de la France- les télécommunications, les services financiers, l'agriculture et l'agroalimentaire, et la protection de l'environnement. Et ce pour permettre aux entreprises françaises d'augmenter leur part qui est de seulement 1,4% sur le marché chinois contre 4% pour l'Allemagne, et d'accroître le potentiel et l'espace de développement de l'économie française.
En outre, la crise accélère la montée en puissance de la Chine dans la recomposition du système bancaire, économique et financier international.
C’est un des enjeux majeurs, cher à Nicolas Sarkozy, qui sera la pierre angulaire de la Présidence française du G20 !
Cette visite a ainsi été l’occasion pour les 2 pays de s’accorder sur la réforme de la gouvernance mondiale, sur ses objectifs et sur les modalités de sa mise en place.
►Un bénéfice économique peut-il balayer la notion des droits de l’Homme dont la France est mère?
La France, sur le plan diplomatique, a été la première, grâce au Général de Gaulle, à reconnaître la Chine en 1964. La reconnaissance de la Chine populaire par le Général de Gaulle garde une charge symbolique forte parce qu'elle participait d'une vision planétaire, soucieuse d'indépendance nationale, que ce soit celle de la France à l'égard du bloc occidental ou celle de la Chine à l'égard du bloc soviétique.
Ces liens diplomatiques anciens permettent à la France de continuer ses efforts en faveur du respect par la Chine des droits et des libertés fondamentaux. La France a appelé à plusieurs reprises les autorités chinoises à garantir les libertés individuelles ou collectives et notamment la liberté d'association et d'expression.
De manière constante, notre pays, à titre bilatéral et dans le cadre du dialogue entre l'Union européenne et la Chine sur les droits de l'Homme, appelle l'attention de la Chine sur la nécessité de permettre une plus grande liberté d'expression et d'édifier un véritable État de droit en Chine.
La France n’a rien à se reprocher ! Elle a toujours fait preuve de courage dans la défense des droits de l’Homme :
- En février 2010, la France a marqué sa déception face à la confirmation en appel de la lourde condamnation de Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix, qui est intervenue en dépit des appels répétés à la clémence lancés par la communauté internationale. La France avait également souligné l’action résolue de Liu Xiaobo en faveur du respect des droits de l’Homme et de la liberté d’expression.
- Le 6 décembre 2008, Nicolas Sarkozy et le dalaï Lama s’étaient rencontrés à Gdansk en Pologne où se tenait la conférence « Solidarité pour l’avenir » destinée à célébrer le 25ème anniversaire du Nobel décerné à Lech Walesa, ancien Président polonais. Le Président de la République avait alors fait preuve d’un langage clair face aux autorités chinoises en demandant « la fin des violences par le dialogue ».
Les droits de l’Homme revêtent une importance historique particulière pour la France. Le fait de dialoguer et de renforcer les échanges économiques avec la deuxième puissance mondiale ne terniront pas notre attachement à nos valeurs.
Pour autant, arrêtons de vouloir systématiquement réduire notre relation et nos échanges avec la Chine à la question des droits de l’Homme !