Mes chers collègues, Monsieur le Président,
J’ai écouté avec attention votre discours d’ouverture de session et lu, avec non moins d’attention, l’ensemble des rapports qui nous sont présentés. Notamment celui relatif aux orientations budgétaires. Je n’ai pas de questions à vous poser, mais j’aimerais simplement faire un constat qui ne me réjouit pas, croyez le bien.
Monsieur le Président, vous reconnaîtrez à mes collègues et moi-même une certaine constance dans nos propos et nous avons envie de nous exclamer aujourd’hui : nous vous l’avions bien dit ! Nous vous avions effectivement bien dit que le Conseil Général ne pourrait pas continuer à soutenir un rythme de dépenses de fonctionnement aussi élevé que celui auquel vous l’avez soumis. Nous vous avions bien dit qu’il convenait de planifier avec mesure et prudence les investissements de notre collectivité. Mais rien n’y a fait ! Vous avez continué durant deux années à gérer le Département de telle manière qu’aujourd’hui, il est en difficulté financière et ce, malgré la charge que vous n’avez pas manqué de faire peser sur ses habitants en 2009 en n’hésitant pas à augmenter leurs impôts de plus de 15%.
Monsieur le Président, cette situation est inacceptable et inexcusable. Certes, nous savons tous qu’un certain nombre de départements de notre pays est dans une situation financière délicate. Il faut savoir le reconnaître objectivement et d’ailleurs le premier ministre lui-même a diligenté une étude pour faire le point sur la situation de chacun d'entre eux. Ils sont dans une situation délicate pour une raison principale : l’augmentation des charges sociales due au vieillissement de la population d’une part, et à la crise économique, d’autre part. 20 à 22 départements ont été relevés comme étant en grande difficulté. L’Ain ne fait pas partie de ceux-ci.
Et pourtant, pourtant Monsieur le Président, en raison des choix effectués par votre majorité, nous voici face à un constat : - vous avez dépensé sans compter et sans planifier les 65 millions d’euro d’excédent que vous avez trouvés après votre élection dans les caisses du département - vous avez augmenté sans maîtrise les frais de fonctionnement de notre collectivité et aujourd’hui, vous voilà rattrapés par la réalité de votre mauvaise gestion. Alors, bien entendu, vous accusez le gouvernement d’être la cause de tous vos malheurs ; ça, nous en avons pris l’habitude ! Pour vous en sortir, vous nous proposez donc de réduire la voilure ... Vous n’avez pas d’autre choix.
Mais comment ? Et bien, vous nous proposez de pénaliser les habitants du département, en sacrifiant un certain nombre d’actions en direction des services à la population (petite enfance et personnes âgées), en diminuant l’aide au monde associatif dans lequel se trouvent pourtant les forces vives de notre département, en envisageant de demander de l’aide aux communes (par exemple en revoyant à la hausse leur participation au SDIS), en réduisant l’aide aux jeunes (suppression des bourses de transport pour les apprentis par exemple), etc etc…..
Eh bien non, Monsieur le Président, nous ne pouvons pas être d’accord avec vous. Croyez bien que nous regrettons d’avoir eu raison et que nous aimerions beaucoup mieux voir le conseil général dans une situation financière aisée. Mais croyez bien aussi que nous ne partageons ni votre analyse, ni les choix que vous faites pour essayer de vous en sortir. Ce ne sont pas les habitants de l’Ain et leurs communes qui doivent payer votre mauvaise gestion. C’est trop facile ! Choisir une politique de rigueur : oui. Mais on commence par se l’appliquer à soi-même avant de pénaliser les acteurs de notre département.
Alors, Monsieur le Président, nous ne voterons pas votre décision modificative et nous ne sommes pas non plus d’accord avec les orientations budgétaires que vous nous proposez. Je vous remercie de votre attention.